Le Faucon et le Héron L-S du Ruisseau (16?? - 17?)

L'orgueilleux, le cruel Faucon
Cet exterminateur de Perdrix et de Cailles,
Après avair livré mainte et mainte batailles
A l'Oiseau qu'on nomme Héron,
Lui fit offrir la Paix dit-on
Qui fut de ce dernier aussitôt acceptée.
Or après cette Paix signée,
Le Heron délivré de crainte et de souci
Comptant sur le serment de son nouvel ami,
Sur les bords d'un Etang conduisit sa nichée.
Remarquez que c'était la première journée
Quelle avait volé hors du nid ;
Aussi dès le moment que le Faucon la vit
Sans penser à la foi jurée
Il s'élança dessus pour en faire curée.
C'est vainement que le Héron
Pour sauver ses Enfants s'oppose à sa furie,
Ils y perdirent tous la vie,
Lui même aurait péri dans cette occasion,
S'il n'avait les siens morts, aussitôt pris la fuite,
Ce qui n'empêcha pas du Faucon la poursuite
Qui le vint attaquer même jusqu'en son nid;
Mais lors que dans cette retraite
Le Faucon sur lui s'abattit,
D'une manière autant vigilante qu'adroite
A ce fier ennemi son long bec il tendit,
Dans lequel tout d'un coup sa Majesté Fauconne
Embrocha bien et beau sa Royale personne.

Dans cet acharnement que fait voir le Faucon
Je m'imagine voir la France
Poursuivre un Prince à toute outrance
Qui dans sa Capitale imitant le Héron.
Par un coup tout semblable et non pas moins étrange
Donne à son Ennemi la pareille et le change.

Livre II, fable 20




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