L'Agioteur et le Porte-feuille Le Marchant de Viéville (17?? - 18??)

Certain Agioteur,
Dont les malheurs publics augmentaient la dépense,
De billets au porteur
Voyait grossir son Porte-feuille immense.
Le soupçon, la cupidité,
Sous sa main tenaient sa richesse,
Mais les revers sont près de la félicité.
« Il est de la sagesse,
Disait le Porte-feuille un jour,
S'adressant à notre homme,
De placer tout au moins la moitié de ta somme,
Carla Fortune , hélas ! sait jouer plus d'un tour. »
Le désir d'amasser à chaque instant augmente,
Et ne peut jamais s'arrêter.
De ce conseil au lieu de profiter,
Il cédait toujours à sa pente.
Bientôt, par le plus grand malheur,
Le feu chez lui venant à prendre,
Brûla le Porte-feuille, et réduisit en cendre
Tous les biens de l'Agioteur.

Mortels , quand la Fortune un jour vient vous sourire,
Contr'elle assurez-vous de quelqu'abri certain ;
Rien n'est stable dans son empire :
Ce qu'elle donne d'une main
Souvent de l'autre elle nous le retire.

Livre II, fable 20




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