L'Aiguille des minutes et l'Aiguille des heures Le Marchant de Viéville (17?? - 18??)

Autour d'un beau cadran d'émail,
Deux Aiguilles tournaient sans cesse.
La plus grande active au travail,
De l'autre accusait la paresse
Et se moquait de sa lenteur.
« En vérité , répondit-elle,
Vous me faites pitié, ma sœur :
Vous avez bien peu de cervelle.
La loi qui vous force à courir
Veut que je marche avec noblesse;
Cessez de vous enorgueillir,
Et vantez moins votre vitesse.
Nous tendons à la même fin
Et, tandis que je me promène,
Vous vous essoufflez en chemin ;
Mais si vous prenez tant de peine,
C'est pour me rattraper enfin. »
Ne tourmentons point notre muse,
La lenteur nous mène au succès,
Et l'ouvrage en a plus d'attraits :
Le peu de tems, si l'ouvrage est mauvais,
Ne pourra nous servir d'excuse.

Livre III, fable 18




Commentaires