La cour de l'Aigle Pierre Didot (1761 - 1853)

L'Aigle, pour terminer une importante affaire, Présidait au conseil , où jusqu'aux plus petits Tout volatile était admis. On s'assemble ; bientôt l'on en vient aux avis : Et l'oiseau de Junon, le paon à l'humeur fière, Au beau plumage , alors se rengorgeant, Fit de nouveau voir, en jugeant, Que la main de la Providence A réparti ses dons avec un soin égal, Et n'a pas rassemblé sur un seul animal Les grâces, la beauté, l'esprit et l'éloquence Ce que sa vanité dicta Le perroquet le répéta ; Et la linotte à la tête légère, Qui n'avait pu suivre l'affaire, Crut bien juger en répondant Qu'elle opinait comme le précédent. Alors sa majesté , sans plus long intervalle, Voyant que tous étaient du même sentiment, Pour confirmer le jugement Allait joindre sa voix à la voix générale : Un moineau franc , sans être interrogé, Cria de loin qu'on avait mal jugé, Qu'on allait faire une sottise ; Ce qu'il prouva par un discours sensé. On lui sut gré de sa franchise ; Il fut même récompensé. Rois, princes, souverains, empereurs et despotes, Voulez-vous avec gloire occuper ce haut rang ? Parmi vos perroquets, vos paons et vos linottes, Ayez toujours un moineau franc.

Fable 3




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