D'une laborieuse abeille
S'approche un paresseux frelon.
« Eh ! mon Dieu ! dit-il, à quoi bon
Te livrer sans relâche à mainte et mainte veille ?
De si constants, de si rudes travaux
Ne peuvent qu'abréger ta vie.
Suis mon exemple : au sein des plaisirs, du repos,
Je goûte un sort digne d'envie. »
« Fort bien, reprit l'insecte diligent ;
Mais si ton sort est heureux maintenant,
Bientôt de ton oisive et joyeuse existence
Et le froid et la faim termineront le cours ;
Tandis que, jouissant de l'honorable aisance,
Fruit de mes longs travaux et de ma prévoyance,
Sans crainte, j'attendrai le retour des beaux jours. »