Un lion avait pris une souris et allait la manger ; mais notre voleur domestique, voyant approcher sa fin, suppliait en ces termes le puissant animal : « Pour remplir ton estomac, il te faut les cerfs et les taureaux aux belles cornes, à qui tu fais la chasse ; mais dîner d'une souris ! cela n'est pas digne de toucher le bout de tes lèvres. De grâce, épargne-moi. Peut-être, si petite que je suis, pourrai-je t'en prouver ma reconnaissance. » Le lion sourit, et laissa la vie à la suppliante. Bientôt, poursuivi par de jeunes chasseurs, il tomba dans leurs rets, et y demeura emprisonné. La souris sortit de son trou en tapinois, coupa avec ses petites dents les solides mailles du filet, et délivra le lion ; ce fut ainsi qu'elle s'acquitta envers lui en le sauvant à son tour.
Cette fable enseigne aux gens sensés à protéger les petits, et à ne pas croire leurs bienfaits perdus, puisqu'une souris a su délivrer un lion captif.