Ce jour-là, pour Pierrot, c'était jour de frairie,
Car le galant, équipé tout de neuf,
Courait fêter Pierrette, sa chérie...
Un Voleur l'arrête et lui crie :
À moi, ce bel habit d'Elbeuf !
A moi, ce fin castor, et ces boucles mignonnes !...
Mais, peste ! j'oubliais cette fraise de point,
Que, sus et tout d'abord, il faut que tu me donnes,
Ou je te fais sentir la vigueur de mon poing !...
Or, cette fraise était un présent de Pierrette ;
Pierrot la défend donc plus qu'il n'eût fait ses yeux,
Et tant, que le Voleur hors de lui, furieux,
D'ouïr la fraise qui craquète
Sous leur commun effort : Oh ! dit- il, qu'est-ce là ?
Voyez un peu ce maraud, le voilà
Qui déchire ma collerette !
Courage, Messieurs les Voleurs !...
N'ai-je point dit encor : Messieurs les Emprunteurs ?...
Mais, c'est, parfois, tout un ; et qui songe à défendre
Le bien que vous voulez lui prendre,
Et sur lequel, déjà, vous avez mis les mains :
Vous n'allez pas , mes Gueux, par deux chemins,
Et le volé, c'est là le voleur qu'il faut pendre !
Ah ! fût-il Huron ou Mogol,
Certain Sage a dit vrai pour qui sait bien l'entendre :
« La propriété, c'est le vol ! »