Un oison fut mis au collège....
Dans quelle ville ? à Paris ? à Pékin ?
A Londres ? à Turin ?
— Oui Non Messieurs, j'abrège,
Et sa philosophie ;
Pour ce fait je le certifie ;
J'ajoute aussi qu'il obtint des lauriers,
Que le recteur appelle récompenses,
Mais que parents, la veille des vacances,
Achètent volontiers...
Tout cela n'est que babiole,
Jolis hochets,
Passagère auréole
Qui brille sur le front des plus minces sujets.
î«\-ire oison philosophe
Revient bouffi de grec et de latin ;
Compose et décompose épitre, ode, anii-strophe,
Enfile encor l'immense alexandrin.
Petit cerveau, monsieur son pire,
En mourait de plaisir;
Et pour le lire sa mère
En perdait le dormir.
C'est tout simple, et le monde
En tels esprits
Abonde.
Que de fils adulés un seul jour a trahis !
Le bachelier oison, s'estimant un grand sire,
Voulut paraître et se produire
En public ;
Pour les siens son début était un pronostic;
Pour bien d'autres aussi. Dans une vaste enceinte,
Dindons, singes, renards,
Pour la plupart êtres braillards,
S'égosillaient, sans crainte,
Sur la guerre et la paix, sur le blanc et le noir.
Le président, à grands coups de boutoir,
Arrêtait celui-ci, puis corrigeait cet autre :
(Mons sanglier fut toujours bon apôtre.)
Tout cela se passait en assez bon patois.
Or la scène étant en France,
Au public par décence,
Vous n'ires pas parler latin, grec ou chinois.
Là se trouvait notre savantissime.
Interpellé, je no sais plus pourquoi
— Resta coi !
— Mieux eut valu : non, il répond, s'escrime,
Mais ne dit rien
De bien.
Il s'affranchit de toute règle,
Notez-le, sans raison :
Les licences passent chez l'aigle ;
Chez un oison,
Non.
Il dit si mal, si mal que je ne puis reprendre
Ses qui, ses que, ses quoi:
Ma plume ne veut pas les rendre,
Vous devinez pourquoi.
Je finirai mon conte ou mon histoire
En répétant à l'orateur oison,
Que ce premier déboire
Doit le rendre à la raison.
Qu'il écoute et se taise;
Qu'en un mot il lui plaise
Céder la tribune à l'aiglon :
Il le fera s'il consulte Solon.