Au travail qui n'est qu’assidu
Doit-on la gloire pour salaire ?
Non : au travail tel prix n’est dû
Que s'il est utile ou sait plaire.
Dès l'aube, un villageois que le travail courbait
Dans son champ’ poussait la charrue,
La chaleur de son front, par la fatigue accrue,
En gouttes de sueur sur le sol retombait.
Il mettait, comme on dit, font son cœur à l’ouvrage.
Certain singe en devint jaloux.
L'éloge à des attraits dont toute âme est ravie ;
Et chez les singes et chez nous
Qui n’a souvent pareille envie ?
Pour obtenir succès égal,
Notre singe, à son tour, veut se donner du mal.
Il trouve un gros tronc d’arbre, et vite il se démène ;
Il le tourne en tout sens, l'embrasse à plein museau,
Va, vient, le fait rouler ou le traîne à grand peine,
Si bien qu’à la fin, hors d'haleine,
Il succombe à la tache et se voit fondre en eau.
Mais de l'éloge qu'il espére
Il n’entend pas un mot, chacun le comprend bien :
Ton travail était dur, compère,
Mais à quoi servait-il ? — A rien !