La Femme et la Poule J-M Henri Tinténiac (17?? - 1805)

Certaine femme avait une poule pondant
Chaque jour un œuf, tout autant.
Non contente, la vieille avare
(Il est beaucoup de gens qui non contents d’avoir,
D’avoir toujours plus ont l’espoir)
Fit ce raisonnement bizarre :
Si ma poule par jour la moitié plus mangeait,
Pour sûr elle pondrait deux œufs, c’est clair et net.
La-dessus, à grands frais aussitôt elle achète
L’orge, l’avoine et le millet ;
D’un grand sac de blé noir même elle fait l’emplette,
Et la force à manger plus qu’elle ne voulait,
Et ne pouvait.
Qu’arriva-t-il ? bientôt la poule
Devint ronde comme une boule,
Et ne pondit rien qu’une fois Dans un mois.
Après quoi, cette poule grasse
De sa graisse mourut, et notre vieille crasse
En vain déplora son malheur,
Dont sa grande avarice était seul auteur.
Elle pensa mourir, tant sa douleur fut vive ;
Beaucoup de gens vont -jusque-là.

Quand on veut trop avoir, très souvent il arrive
Que l’on perd même ce qu’on a.





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