Pris dans un piège, un loup promit au paysan,
En jurant ses grands dieux, de s’abstenir de viande,
De faire toujours maigre, et vivre do provende,
Comme les Turcs au Rainazan;
Ou d’herbe, ou de poisson, au plus les jours de fête,
Et do mener enfin une existence honnête,
Puisqu’il ôtait de meurtres las *.
Quoiqu’étant fort matois et très-âpre au pécule.
Le paysan est fort crédule.
Le nôtre, ne croyant en Dieu peut-être pas,
Crut à la foi du loup ; beaucoup sont dans ce cas.
Il le laissa partir. Aussitôt dans la plaine,
Pendant qu’il regagnait son ombrageux domaine,
Le loup aperçut un cochon Qui se vautrait dans une douve :
Certes, voilà, dit-il, un superbe poisson,
Puisque dans l’onde je le trouve !
Ce doit être une truite ou peut-être un saumon.
Or, ce raisonnement lui semblait péremptoire,
De manger le pourceau maître loup se fit gloire.
Qui ne trouve pour nuire une bonne raison.
Et même une mauvaise ? il on est à foison.





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