Le Geai et l'Hirondelle Jean-Aimé Gaudy-Lefort (1773 - 1850)

Avril à la saison neigeuse
Venait de succéder et de rendre à nos champs
Ses doux parfums, ses joyeux chants,
Et l'Hirondelle voyageuse.

Pleine d'activité, déjà dame Progné
S'occupait à bâtir sous l'abri de la grange
Ce réduit qu'avec soin chaque année elle arrange,
Pour recevoir un dépôt fortuné.

Alors qu'un Geai du voisinage,
Geai fort instruit, de tout raisonnant savamment,
Mais vaniteux et pédant personnage,
Apprenant son retour, avec empressement
Vint lui présenter son hommage.

Bonjour, belle dame, bonjour ;
A-t-on fait bon voyage ? Et d'où vient-on? Je pense,
De ces climats heureux où commence le jour,
Et que jadis les maîtres de Byzance
Avaient choisi pour leur noble séjour.
Ou bien peut-être d'Algérie ;
Voyons, dites-moi, je vous prie,
Ce qui se passe aujourd'hui dans ces lieux
Où Jugurtha rendit son nom fameux,
Ce prince infortuné que, dans sa barbarie,
Marius enchaîna sur un char orgueilleux...

Mon cher voisin, dit l'Hirondelle,
Pour qui de tels discours n'étaient chose nouvelle,
Vous êtes fort savant ; nul ne l'ignore ici,
Et moi je suis fort occupée, ainsi
Mille pardons ; je vais où mon travail m'appelle.

Paul de ses questions vous fatigue à grand bruit ;
A son air d'intérêt pour ce qu'on va lui dire,
Vous le croyez jaloux d'en tirer quelque fruit :
Erreur, son but secret est bien moins de s'instruire
Que de prouver qu'il est instruit.





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