Le Criminel de lèse-Majesté L-S du Ruisseau (16?? - 17?)

Du crime affreux de lèse-Majesté
Un Favori s'était rendu coupable,
On sait que pour un cas semblable,
Il n'est point de tourments que l'on n'ait mérité ;
Mais son Prince, pour lui toujours plein de bonté,
Voulant lui conserver la vie,
Pour le pardon de cette perfidie,
Ne demandait de lui que du crime l'aveu.
On me dira que c'était peu,
Cependant on ne pût l'obliger à le faire,
Quoi que du crime convaincu.
Le Roi, qui voulait voir la fin de cette affaire,
Ordonna qu'il ferait par des fils fut pendu
Dessus un affreux précipice ;
Après quoi d'heure en heure on couperait un fil :
Croyant qu'alors la grandeur du péril
Lui ferait confesser cette énorme injustice
Où l'avait porté sa fureur
Contre son Prince et son libérateur,
Sinon qu'il serait seul l'auteur de son supplice.
Il le fut en effet, les fils furent coupez,
D'horreur les Gens furent frappés,
Lui seul y parut insensible,
Aussi fit-il en peu de temps,
Les fils pour son soutien n'étant plus suffisants,
Aux yeux des spectateurs une chute terrible

De ce funeste entêtement
Mille et mille Mortels ne font-ils pas coupables ?
A quoi pensez-vous misérables !
Vous que l'on voit plongez dans cet aveuglement.
Par ces fils font marquez les jours de votre vie :
Par eux dessus l'Enfer vous êtes attachez :
Vous les voyez du temps sans cesse retranchez :
Marchez donc dans la voie où le Ciel vous convie.

Livre II, fable 12




Commentaires